« Le manifeste des 343 salauds »

La culture straight edge a trois principes : le refus de l’alcool, le refus des drogues, et le refus de la « baise. »

Ce dernier point, qui forme le troisième « X » du fameux « XXX », ne signifie pas simplement « respecter » ou « avoir des sentiments », il signifie que la sexualité va de pair avec une relation prolongée, avec le couple.

C’est important, parce qu’en France historiquement, le mouvement straight edge a savamment gommé cet aspect, avec même un éphémère et pathétique « anarcho-edge » qui considère qu’on peut coucher avec n’importe qui, du moment qu’il y a le « respect »…

Mais c’est surtout important, car il existe dans notre pays une idéologie de la « liberté » totalement délirante, dans un drôle de mélange apologie du pinard, exigence de pouvoir faire ce qu’on veut quand on veut (rouler vite, prendre des drogues, etc.) et de baiser comme on l’entend, « sans entraves. »

En pratique, l’alcool est glauque, la « baise » un fantasme parce que règne en réalité une véritable misère sexuelle, les drogues un cauchemar…

Le discours sur la « liberté » n’est qu’une apologie du capitalisme, qui veut qu’on consomme vite, qu’on passe à autre chose. Et il n’est nullement étonnant de voir dans la revue ultra-conservatrice « Causeur » un manifeste immonde en faveur de la prostitution.

Comme il n’est nullement étonnant que les anarchistes antispécistes, les mêmes qui avaient fait la vidéo porno, aient exactement la même position… C’est le culte de l’individu, du refus des « valeurs », de « Gaïa » et ses exigences, etc.

Voici comment « Causeur » justifie le manifeste :

Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d’édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée.

Et voici le manifeste lui-même :

Touche pas à ma pute!

Le manifeste des 343 salauds

En matière de prostitution, nous sommes croyants, pratiquants ou agnostiques.

Certains d’entre nous sont allés, vont, ou iront aux « putes » – et n’en ont même pas honte.

D’autres, sans  avoir été personnellement clients (pour des raisons qui ne regardent qu’eux), n’ont jamais eu et n’auront jamais le réflexe citoyen de dénoncer ceux de leurs proches qui ont recours à l’amour tarifé.

Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe.

Qu’il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires.

Mais nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes – et même d’aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs.

Nous n’aimons ni  la violence, ni l’exploitation, ni le trafic des êtres humains. Et nous attendons de la puissance publique qu’elle mette tout en œuvre pour lutter contre les réseaux et sanctionner les maquereaux.

Nous aimons la liberté, la littérature et l’intimité. Et quand l’Etat s’occupe de nos fesses, elles sont toutes les trois en danger.

Aujourd’hui la prostitution, demain la pornographie : qu’interdira-t-on après-demain ?

Nous ne céderons pas aux ligues de vertu qui en veulent aux dames (et aux hommes) de petite vertu.

Contre le sexuellement correct, nous entendons vivre en adultes.

Tous ensemble, nous proclamons :

Touche pas à ma pute !

Premiers signataires: Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Philippe Caubère, Marc Cohen, Jean-Michel Delacomptée, David Di Nota, Claude Durand, Benoit Duteurtre, Jacques de Guillebon, Basile de Koch, Daniel Leconte, Jérôme Leroy, Richard Malka, Gil Mihaely, Ivan Rioufol, Luc Rosenzweig, François Taillandier, Eric Zemmour.

Il n’y a pas 36 positions possibles par rapport à cela. Soit on dit que l’être humain entend de manière naturelle s’épanouir, connaître une relation amoureuse, donner la vie, vivre de manière heureuse…

Soit on dit qu’il n’y a pas de Nature et que l’être humain décide, en son « âme et conscience », ce qu’il veut être, qu’il peut « choisir » de manière « libre », parce qu’il n’y a pas de nature humaine.

Et le caractère horrible de cette seconde position saute toujours plus aux yeux…